Actualité

Vous rappelez-vous des actus qui ont rythmĂ© le monde du travail en 2023 ? On en a sĂ©lectionnĂ© 12 pour vous rafraĂźchir la mĂ©moire. Au menu, des lois impopulaires, une semaine de 4 jours qui gagne du terrain, des dĂ©bats sur l’IA et sur les gĂ©nĂ©rations.

 

Janvier

Retraites : une réforme impopulaire réveille la grogne sociale en France

La rĂ©forme des retraites proposĂ©e par le gouvernement a cristallisĂ© les critiques des syndicats. Un passage de l’ñge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite de 62 Ă  64 ans Ă  l’horizon 2030 est le visage d’un projet qui est loin de faire l’unanimitĂ©. VĂ©ritable serpent de mer de la politique française, en tĂ©moignent les projets de 1995, 2003 ou encore 2010, l’exĂ©cutif souhaite rĂ©former pour prĂ©server l’équilibre du systĂšme de retraites, bien que cet argument soit remis en cause par certains Ă©conomistes. Le gouvernement souhaite par ailleurs Ă©liminer la plupart des rĂ©gimes spĂ©ciaux. Ce qui a poussĂ© plusieurs syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC
) Ă  faire front en intersyndicale, une premiĂšre depuis 2010. Leurs appels Ă  se mobiliser ont Ă©tĂ© suivis avec au moins 1,5 million de manifestants sur les deux premiers actes de janvier. L’intersyndicale a renouvelĂ© son appel Ă  battre le pavĂ© en fĂ©vrier et en mars 2023, espĂ©rant le retrait du projet de loi.

 

FĂ©vrier

Semaine de 4 jours anglaise : 92 % des entreprises qui l’ont testĂ©e veulent l’adopter

Certains salariĂ©s rĂȘvent de terminer la semaine de travail un jeudi soir tout en touchant exactement le mĂȘme salaire
 Outre-Manche, le rĂȘve est devenu rĂ©alitĂ© pour les Ă©quipes de 61 entreprises, le temps d’une expĂ©rimentation de 6 mois. La conclusion de ce test ? 56 d’entre elles vont conserver ce rythme, estimant que le stress des employĂ©s a diminuĂ© et que le chiffre d’affaires s’est maintenu. Les chercheurs des universitĂ©s de Cambridge et de Boston, Ă  l’origine de l’expĂ©rience, ont par ailleurs notĂ© une chute de l’absentĂ©isme de 66 % et une augmentation des candidatures de 88 %. Et si le remĂšde au dĂ©sengagement Ă©tait sous nos yeux ?

 

Mars

RĂ©forme des retraites : avec le 49.3, l’employabilitĂ© des seniors est questionnĂ©e

Le projet controversĂ© de rĂ©forme des retraites portĂ© par Élisabeth Borne est entrĂ© en vigueur aprĂšs l’utilisation de l’article 49.3 et la validation du texte par le Conseil constitutionnel. Une des craintes des opposants Ă  la rĂ©forme concerne l’employabilitĂ© des seniors : ils craignent que ces derniers ne puissent pas rester sur le marchĂ© du travail jusqu’à 64 ans. Rappelons en effet qu’en France, le taux d’emploi des 60-64 ans est faible : avec 35,5 %, il est infĂ©rieur Ă  la moyenne de l’UE. Pour y remĂ©dier, l’exĂ©cutif propose la crĂ©ation d’un index sĂ©nior Ă  partir de 2024. Cet outil permettrait de connaĂźtre le taux d’emploi de seniors au sein de chaque entreprise de plus de 300 personnes. Un CDI pour les plus de 60 ans a aussi Ă©tĂ© ajoutĂ© au texte final par les sĂ©nateurs. Ce dispositif aiderait les entreprises Ă  recruter un collaborateur expĂ©rimentĂ© en Ă©tant exonĂ©rĂ© de certaines cotisations sociales.

 

Avril

L’abandon de poste ne permet plus de toucher le chîmage

LĂącher son job du jour au lendemain et ne plus donner signe de vie Ă  son employeur ? C’était le stratagĂšme bien connu des personnes « bloquĂ©es » en CDI afin d’aboutir Ă  un licenciement pour faute et de toucher des indemnitĂ©s chĂŽmage. Eh bien, ce n’est plus possible depuis le 18 avril 2023 et l’entrĂ©e en vigueur du dĂ©cret d’application sur l’abandon de poste. DĂ©sormais, l’employĂ© a 15 jours pour revenir Ă  partir de la rĂ©ception d’un courrier de mise en demeure envoyĂ© par l’entreprise, lui demandant de justifier son absence et de retrouver son poste. Les dĂ©tracteurs de cette loi expliquent qu’il s’agissait pourtant de l’unique solution pour fuir une situation professionnelle inconfortable et ne pas se retrouver sans rien.

 

Mai

80 % des emplois pourraient ĂȘtre remplacĂ©s par l’IA dans les prochaines annĂ©es

Quand un ponte de l’intelligence artificielle affirme que 80 % des emplois pourraient ĂȘtre dĂ©truits aprĂšs l’arrivĂ©e de l’IA sur le marchĂ© du travail, on l’écoute attentivement. Ben Goertzel, puisque c’est de lui qu’il s’agit, explique que cette rĂ©volution est prĂ©vue Ă  moyen terme et au fond, il pense que « c’est une bonne chose » : les gens pourraient en effet faire autre chose que gagner de l’argent. D’aprĂšs lui, les mĂ©tiers manquant de bras et de cerveaux, comme dans le secteur de la santĂ©, pourraient aussi ĂȘtre largement supplĂ©Ă©s par des robots humanoĂŻdes. Il s’interroge nĂ©anmoins sur la façon dont nos sociĂ©tĂ©s vont gĂ©rer les grands moments de transition liĂ©s Ă  l’essor de ces technologies, notamment quand « les intelligences artificielles vont commencer Ă  rendre obsolĂšte un emploi aprĂšs l’autre Â». Nous aussi 😬

 

Juin

L’absentĂ©isme bat des records
 notamment chez les managers !

53 %. Selon le dernier baromĂštre Malakoff Humanis (juin 2023), c’est le pourcentage de managers en arrĂȘt-maladie. Soit une augmentation de 13 % par rapport Ă  l’annĂ©e derniĂšre. Les principales raisons invoquĂ©es ? Le stress induit par un fort empiĂ©tement de la vie professionnelle sur la vie personnelle, et la difficile gestion de l’absentĂ©isme au sein de leurs propres Ă©quipes. Cette situation serait aggravĂ©e par l’utilisation massive du travail hybride qui ne permettrait plus aux managers de repĂ©rer facilement les difficultĂ©s de leurs collaborateurs. Plus prĂ©occupant encore, la hausse de l’absentĂ©isme s’étend Ă  la moitiĂ© des salariĂ©s du secteur privĂ© : c’est 12 points de plus par rapport Ă  l’édition prĂ©cĂ©dente. Un chiffre peu Ă©tonnant quand on sait que seuls 68 % des salariĂ©s s’estiment en bonne santĂ©. RĂ©soudre l’absentĂ©isme, le dĂ©fi RH des temps modernes ?

 

Juillet

Discrimination liée à la grossesse : mauvaise pub pour Publicis

Le groupe mondial de communication Publicis a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  verser 500 000 euros Ă  une ancienne salariĂ©e pour discrimination liĂ©e Ă  la grossesse. La cour d’appel de Versailles a donnĂ© raison Ă  cette cadre dont la situation professionnelle s’est dĂ©gradĂ©e de maniĂšre anormale Ă  l’issue de son deuxiĂšme puis de son troisiĂšme congĂ© maternitĂ©. On lui a en effet retirĂ© de grands clients sans explication solide et elle n’a pas Ă©tĂ© payĂ©e Ă  100 % durant les deux premiers mois de son arrĂȘt. Elle n’a pas non plus bĂ©nĂ©ficiĂ© du rattrapage salarial prĂ©vu par la loi Ă  son retour. Pour rappel, la grossesse est le troisiĂšme motif de discrimination citĂ© par les femmes selon un baromĂštre de la perception des discriminations dans l’emploi, publiĂ© par le DĂ©fenseur des droits. L’affaire Publicis pourrait renverser la vapeur.

 

Août

RĂ©tention des talents : au Royaume-Uni, les entreprises parient sur la hausse des salaires

Comment retenir des collaborateurs tentĂ©s par des salaires plus Ă©levĂ©s chez la concurrence ? En mettant la main Ă  la poche ! Les employeurs britanniques sont en effet de plus en plus enclins Ă  faire des contre-offres, nous apprend une enquĂȘte du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD). PrĂšs de 40 % d’entre eux a misĂ© sur cette stratĂ©gie au cours des 12 derniers mois
 De quoi nourrir les prĂ©occupations quant Ă  son impact sur l’inflation, Ă  l’heure oĂč le Royaume-Uni connaĂźt plus d’un million de postes vacants. Le CIPD recommande aux entreprises d’explorer d’autres mĂ©thodes d’incitation pour Ă©viter la fuite des talents, comme le travail flexible, les congĂ©s payĂ©s supplĂ©mentaires et les opportunitĂ©s de carriĂšre. Il souligne par ailleurs la nĂ©cessitĂ© d’une politique salariale formelle en interne, afin de maintenir l’équitĂ© entre les employĂ©s.

 

Septembre

Les télétravailleurs émettent 54 % de CO2 de moins que les autres

Le tĂ©lĂ©travail rĂ©duit l’empreinte carbone des entreprises, selon une Ă©tude rĂ©cente publiĂ©e dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Les salariĂ©s en full remote Ă©mettent en effet 54 % de CO2 de moins que ceux se rendant au boulot chaque jour, avant tout grĂące Ă  la rĂ©duction des trajets en voiture et Ă  la consommation d’énergie moindre des bureaux. Cependant, la durabilitĂ© varie en fonction de la « vertitude » des logements et de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des Ă©quipements. Par ailleurs, aprĂšs ĂȘtre passĂ©s au tĂ©lĂ©travail Ă  100 %, de nombreux individus ont quittĂ© les villes pour des zones rurales oĂč la voiture est le seul moyen de transport Ă  disposition. Pour les travailleurs hybrides, qui se rendent au bureau une Ă  deux fois par semaine, les trajets sont ainsi plus longs. Cette tendance s’accompagne d’une hausse des dĂ©placements personnels, y compris en avion
 Un effet de vases communicants qui a de quoi faire dĂ©bat.

 

Octobre

Jeunes diplĂŽmĂ©s vs. Employeurs : une enquĂȘte confronte leurs aspirations

Et si on mettait en regard les aspirations des jeunes diplĂŽmĂ©s et celles des employeurs ? C’est l’objet de l’enquĂȘte de la CCI Nantes-Saint-Nazaire sortie en octobre 2023. Et ses rĂ©sultats peuvent surprendre. Des divergences notables sur le bien-ĂȘtre, l’utilitĂ© au travail et le recrutement y sont mises en lumiĂšre. Les jeunes insistent sur une rĂ©munĂ©ration juste, tandis que les entreprises dĂ©fendent l’épanouissement. Les deux parties s’accordent sur l’importance d’un job stimulant et d’un Ă©quilibre vie pro / vie perso. Cela dit, la gĂ©nĂ©ration Z attend des entreprises des engagements sociĂ©taux, en particulier l’égalitĂ© hommes-femmes. Elle a par ailleurs une vision plus claire de sa carriĂšre qu’on ne le pense. Enfin, les jeunes surestiment l’importance des diplĂŽmes dans le recrutement, tandis que les employeurs privilĂ©gient d’autres critĂšres, comme la personnalitĂ© et l’expĂ©rience. Et aprĂšs ? Ces rĂ©sultats aideront la CCI Ă  mieux accompagner les organisations dans l’embauche et la fidĂ©lisation de leurs talents.

 

Novembre

Le projet de loi « pour le plein-emploi » est adopté malgré la controverse autour du RSA

Le 14 novembre, le Parlement français a dĂ©finitivement adoptĂ© le projet de loi « pour le plein-emploi », visant Ă  rĂ©former le service de l’emploi et le revenu de solidaritĂ© active (RSA). Le texte fixe un objectif de 5 % de chĂŽmage d’ici Ă  2027, mettant l’accent sur l’accompagnement des personnes Ă©loignĂ©es du marchĂ© du travail. Les dĂ©bats ont surtout portĂ© sur les nouvelles obligations pour les bĂ©nĂ©ficiaires du RSA, avec l’instauration de 15 heures d’activitĂ©s hebdomadaires minimales obligatoires – Ă  dĂ©faut, des sanctions sont prĂ©vues. Le ministre du travail, Olivier Dussopt, a soulignĂ© le caractĂšre non-gratuit de ces activitĂ©s, les dĂ©finissant comme des opportunitĂ©s de formation ou d’insertion. Si les RĂ©publicains (LR) ont soutenu le projet, ils ont Ă©tĂ© les seuls. L’opposition a dĂ©noncĂ© une forte stigmatisation des chĂŽmeurs et une infantilisation. MalgrĂ© la controverse, le texte est adoptĂ©, mais la gauche compte saisir le Conseil constitutionnel pour contester certaines de ses dispositions. Affaire Ă  suivre


 

DĂ©cembre

La loi sur l’immigration donne du fil à retordre au gouvernement

Le gouvernement se souviendra de fin 2023. Lundi 11 dĂ©cembre, l’AssemblĂ©e nationale a adoptĂ©, par 270 voix contre 265, une motion de rejet prĂ©alable au projet de loi sur l’immigration. DĂ©posĂ©e par le groupe Ă©cologiste et soutenue par les groupes socialistes, Rassemblement national (RN) et Les RĂ©publicains (LR), cette motion a interrompu sur-le-champ l’examen du texte. Pour rappel, ce dernier comporte plusieurs volets, dont un consacrĂ© au travail, oĂč il s’agit avant tout de faciliter l’embauche de travailleurs Ă©trangers sur des mĂ©tiers en tension et de rĂ©gulariser les travailleurs en situation irrĂ©guliĂšre. Pour sortir de l’impasse, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de soumettre le projet Ă  une commission mixte paritaire. Verdict ? Mardi 19 dĂ©cembre, le SĂ©nat puis l’AssemblĂ©e nationale ont dĂ©finitivement adoptĂ© le texte remaniĂ©, suscitant les fĂ©licitations du ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, qui assure que le Rassemblement national n’a pas influencĂ© le vote.

 

Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ